Page 164 - La Conférence Internationale RALI 2015
P. 164
Les « Kem Kem Beds »font partie d’un large du Maroc, d’un important gisement de rep-
ensemble, le Continental intercalaire, qui se tiles et « poissons » crétacés : des dents ros-
rencontre dans une grande partie de l’Afrique trales du sélacien Onchopristis qui constituait
du Nord. Son âge est fondé sur les assemblag- l’élément dominant de la faune, des plaques
es de vertébrés terrestres et aquatiques qui in- dentaires du dipneuste Ceratodus, des dents
diquent des âges différents en fonction des ré- crénelées de dinosaures théropodes et des
gions considérées. Les affleurements nigériens ostéodermes et des dents d’un crocodilien de
par exemple seraient aussi vieux que le Juras- grande taille. Cette liste faunique a amené cet
sique moyen tardif (Rauhut et López-Arbarello, auteur, dès 1948, à rapprocher ce gisement
2009, Le Loeuff et al., 2012) alors qu’en Tunisie marocain de ceux d’âge analogue de divers
ilssont considérés Crétacé inférieur (Fanti et territoires d’Afrique du Nord (Algérie, Egypte,
al. 2012 ; Le Loeuff et al., 2012). Au Maroc, les Niger). Il convient de signaler la découverte par
affleurements du Continental intercalaire (les cet auteur d’un tibia très gracile, long de 64 cm
Kem Kem Beds), ne comprendrait que la partie pour un diamètre de 5 cm (Lavocat, 1949), des
supérieure de la série et sont datés du Céno- proportions comparables à celles du tibia du
manien inférieur (Le Loeuff et al., 2012 ; Cavin théropode Deltadromeusagilis découvert dans
et al. 2017). les années 1990 dans les Kem Kem (Sereno et
al. 1996) ou encore de l’espèce égyptienne Ba-
LES FAUNES DES KEM KEM BEDS hariasaurus ingens (Stromer, 1934).
Historique des découvertes paléon- Suite à ces premières découvertes une sé-
tologiques : rie de quatre missions fut menée, entre 1948
et 1952, par René Lavocat du Muséum na-
Les premières découvertes paléontologiques tional d’Histoire naturelle de Paris et le Service
dans le plateau des Hamadas, datent de la Géologique du Maroc (Lavocat, 1948, 1949,
fin des années 1940 quand Choubert (1948) 1951, 1954a, 1954b, 1955) (Fig. 3). Il a collec-
signale, sans les décrire, dans les « marnes à té plus de 3100 restes de vertébrés, qui sont
gypse cénomaniennes », des plaques dentaires aujourd’hui conservés au Muséum national
du dipneuste Ceratodes (sic) africanus et des d’Histoire naturelle à Paris (Wilson et Allain,
écailles ganoïdes (sic). Enfin il signale, en citant 2015). Les restes de l’énigmatique sauropode
J. Bourcart, la présence d’un Néolobites (sic) Rebbachisaurus garasbae Lavocat, 1954b,
vibrayeanus dans un banc calcaire des niveaux remarquable par sa vertèbre dorsale haute de
supérieurs de cette série.
1,45 m, font partie de ce matériel (Fig. 4).
La même année, Lavocat (1948), signale la
découverte dans le « Continental intercalaire » Numéro spécial dédié au Patrimoine Géologique du Maroc
163