Page 162 - La Conférence Internationale RALI 2015
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CONTEXTE GÉOLOGIQUE zone frontalière algéro-libyenne, ce concept
s’applique à travers toute l’Afrique du Nord.
Les sédiments crétacés du plateau des Hama-
das (ou « Kem Kem Beds »), bordent les bas- C’est le « Continental Intercalaire » entre le
sins paléozoïques du Tafilalet et du Maider. Ils Moscovien marin (Carbonifère supérieur) et le
s’étendent au Sud-Est du Maroc, sur une lon- Cénomano-Turonien marin (la dalle calcaire
gueur d’environ 250 km le long de la frontière cénomano-turonienne), qui correspond aux
avec l’Algérie (Fig. 2). Ces sédiments reposent couches fossilifères du plateau des Hamadas.
en discontinuité sur le socle paléozoïque et
proviennent de l’érosion de la chaîne hercyni- Dans ses études du Crétacé du sud-est et du
enne (ou chaîne varisque), une grande chaîne sud marocains, Choubert (1948), divisa la série
montagneuse de dimensions équivalentesà épicontinentale du Mésocrétacé en trois com-
l’Himalaya actuel, qui s’était formée vers la fin plexes qui sont, du bas vers le haut : « Les grès
du Paléozoïque (Carbonifère-Permien), suite à rouges infra-cénomaniens », les « marnes à
la collision des continents Gondwana et Lau- gypse cénomaniennes » et « les calcaires cé-
rentia et qui a abouti à la formation de la Pan- nomano-turoniens ». Les deux premiers de ces
gée. A leur base, ces sédiments sont formés termes correspondent au « Continental interc-
par une unité détritique qui correspond à des alaire » de Kilian (1931).
plaines fluviatiles et à des deltas, riche en fos- Plus récemment Sereno et ses collaborateurs
siles. A leur sommet, ils sont coiffés par la dalle (1996) ont désigné de façon informelle le « Con-
calcaire déposée lors de la grande transgres- tinental Intercalaire » par le terme de « Kem
sion du Cénomanien supérieur. Kem Beds », en référence à la région des Kem
Kem. Ils y distinguent une unité inférieure et
Dès le début des années 1920, le géo-
logue C. Kilian avait entamé une succession une unité supérieure d’égale importance qui
d’explorations à travers le Sahara à la suite atteignent ensemble une épaisseur d’environ
desquelles il éclaircit l’essentiel de la géologie 200m. L’ensemble est coiffé par la barre céno-
du massif central du Hoggar et de ses environs mano-turonnienne.
sédimentaires (Taquet 2010). Il distingua quatre Par ailleurs, Dubar (1949), distingue dans la
principaux épisodes continentaux, séparés par série crétacée du « Sillon Préafricain », le long
des assises marines qu’il nomma, de la base du versant Sud du Haut Atlas, une succession
au sommet : le « Continental de base » qui de trois unités qui sont du bas vers le haut :
correspond à « la période anté-ordovicienne la Formation gréseuse d’Ifezouane attribuée
d’érosion des Plissements anté-cambriens » ; à l’Albien, la Formation d’Aoufous datée de
le « Continental post-tassilien », entre le Dé- l’Albien-Cénomanien et la formation carbon-
vonien inférieur et le Frasnien et affecté par les atée d’Akrabou. Ce bassin atlasique initiale-
plissements hercyniens ; le « Continental Inter- ment considéré indépendant du bassin du
calaire » qui correspond à une « période allant Taouz (formé par la Hamada du Taouz et les Numéro spécial dédié au Patrimoine Géologique du Maroc
du Moscovien au Cénomanien »; et enfin le Kem Kem) (Choubert, 1948), présenterait une
« Continental terminal » qui correspond au Ter- continuité sédimentaire avec ce dernier et les
tiaire sans le Danien (Kilian, 1931). Initialement dénominations Ifezouane, Aoufous et Akrabou
défini dans le nord du Hoggar, au niveau de la pourraient être appliquéesaux unités inférieur
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