Page 219 - Les Nouveaux Guides Géologiques et Miniers du Maroc - Volume 9
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                                          LES MINES DE LA MESETA MÉRIDIONALE ET DU HAUT ATLAS OCCIDENTAL         219

                   Minéralogie : Draa Sfar Sud et Draa Sfar Central (Koudiat  Dans le cas particulier de Draa Sfar, la mise en place des in-
                   Tazakourt) correspondent à une structure de pyrrhotite mas-  trusions subvolcaniques des Jebilet centrales a constitué la
                   sive zincifère avec un potentiel de 8 à 9% Zn, 0.3% Cu et 1  source de chaleur donnant naissance aux cellules de convec-
                   à 2 % Pb. Elle présente une zonation avec enrichissement du  tion entraînant la mobilité des fluides hydrothermaux. Un
                   Cu vers le sud et du Zn vers le nord (Marcoux et al., 2008).  échange entre les roches encaissantes (roches volcaniques de
                   Le bloc Draa Sfar Nord (Sidi M’barek, au nord du Tensift)  la série du mur) et le fluide à haute température (276 à 346°C ;
                   comporte deux lentilles minéralisées. La première (lentille  Belkabir et al., 2008) se fait dans la partie inférieure de la zone
                   supérieure, située à l’ouest) est une structure zincifère avec  d’altération et aboutit à un fluide chargé en ions Fe, Zn, Pb, Cu,
                   un potentiel de 7% Zn, 3% Cu et >1% Pb. Cette lentille su-  etc. Les éléments incompatibles avec une affinité pour les
                   périeure est considérée comme la suite latérale de la miné-  fluides (dont le soufre) sont aussi mis en solution. Les failles
                   ralisation de Koudiat Tazakourt. La deuxième structure  normales NNE-SSW favorisent les mouvements vers le haut
                   minéralisée (lentille inférieure, située vers l’est) est relati-  des fluides hydrothermaux. Une fois que les fluides chauds
                   vement plus riche en cuivre avec un potentiel de 2 à 3% Cu,  ont atteint le plancher sous-marin, leur mélange avec l’eau de
                   <1% Zn, <1% Pb et 600 à 800 ppm de Co.             mer déclenche la précipitation des sulfures sous forme de mon-
                                                                      ticules localisés directement sur les zones d’alimentation.
                   La minéralisation est dominée par la pyrrhotite (plus de
                                                                      Selon Marcoux et al. (2008), d’après l’analyse des isotopes du
                   80%) à laquelle s’associent la sphalérite, la galène, la chal-
                                                                      plomb, les fluides à l’origine du gisement VMS de Draa Sfar
                   copyrite, la pyrite et l’arsénopyrite. Cependant, plusieurs
                                                                      sont de deux générations ; un premier fluide est à l’origine des
                   minéraux en traces ont été décrits (Barrakad et al., 1977 ;
                                                                      lentilles minéralisées zincifères de Koudiat Tazakourt, tandis
                   Hibti, 2001 ; Ben Aïssi, 2008). Il s’agit de cobaltite, cuba-
                                                                      qu’un deuxième est à l’origine de la lentille inférieure cupri-
                   nite, cassitérite, bismuth natif, bismuthinite, paraguana-
                                                                      fère de Sidi M’barek. La dominance de la pyrrhotite primaire
                   juatite et électrum. En outre, la lentille est traversée par un
                                                                      dans le VMS de Draa Sfar, comme c’est la cas de la majorité
                   réseau de fractures tardives remplies de carbonates, de talc
                                                                      des VMS des Jebilet (Hibti, 2001 ; Ben Aissi, 2008) s’explique
                   et de chlorite, qui constituent également des pièges pour
                                                                      par une faible fugacité d’oxygène associée à des conditions
                   les sulfures remobilisés.
                                                                      anoxiques qui stabilisent la pyrrhotite plus que la pyrite (Mar-
                   Plusieurs types de minerai ont été décrits (Hibti, 2001 ; Ben
                                                                      coux et al., 2008 ; Belkabir et al., 2008).
                   Aïssi, 2008 ; Boukerrou, 2010) : (i) minerai rubané et lité ;
                   (ii) minerai massif, qui forme le corps principal ; (iii) mine-  Le modèle génétique envisagé (VMS) est résumé par le
                   rai bréchique, situé au toit de la masse minéralisée principale ;  schéma suivant (fig. 5.5.6). La présence d’altérations hy-
                   (iv) minerais filonien et disséminé, observés essentiellement  drothermales au mur (chlorite, séricite) et au toit (séricite)
                   dans les séries du toit et du mur. Les relations tex-
                   turales entre les différents sulfures de la paragenèse
                   traduisent leur précipitation au cours d’une même
                   phase minéralisatrice précoce. Cet assemblage a
                   subi une recristallisation étagée avec un recouvre-
                   ment de temps de cristallisation d’un minéral par
                   rapport à l’autre (Marcoux et al., 2008).
                   Interprétation génétique : Pour Belkabir et al.
                   (2008) et nous-mêmes, Draa Sfar est un gisement
                   à rattacher au type Volcanogenic Massive Sulphide
                   deposits (VMS, amas sulfurés volcanogéniques).
                   Les gisements de types VMS sont le produit d’un
                   hydrothermalisme subaquatique. Ce sont des mi-
                   néralisations stratiformes, primaires ou syngéné-
                   tiques (formées en même temps que les roches-
                   hôtes). Ce type de gisement montre une racine
                   (stockwerk) formé d’un réseau de fractures sulfu-
                   rées permettant la circulation des fluides hydro-
                   thermaux, et une ou plusieurs masses sulfurées  FIG. 5.5.6 : Reconstitution schématique d’une coupe N-S dans le gisement de Draa Sfar montrant la
                                                             répartition des roches volcaniques rhyodacitiques et volcanoclastiques, des argilites et l'étendue
                   stratiformes. Leur formation est déclenchée suite à  latérale des altérations en chlorite et en séricite associées aux gisements de sulfures massifs (Belka-
                   la mise en place d’intrusions sous-aquatiques dans  bir et al., 2008).
                   un bassin sédimentaire (Jébrak et Marcoux, 2008 ;  FIG. 5.5.6 : Schematic reconstruction of the Draa Sfar deposit showing the distribution of rhyodacitic
                                                             volcanic and volcaniclastic rocks and argillites, and the lateral extent of chlorite and sericite alter-
                   Gibson et Galley, 2007).                  ation associated with the massive sulphide ore bodies (Belkabir et al., 2008).
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